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DÉROUTÉ.

occupée à faire les honneurs de la chambre, pour se rappeler une chose aussi frivole ; ainsi le vol de Rosenthall ne fut ni remarqué, ni réclamé.

On partit de Taverny : en arivant à Franconville, Léontine se mit au lit, et Rosenthall fut s’enfermer dans sa chambre, afin de s’y recueillir sans distraction, et sur-tout dans l’intention d’examiner scrupuleusement le bracelet de ruban bleu. Cet inquiétant bracelet n’étoit autre chose qu’un petit sachet parfumé, de satin bleu, cousu avec soin, auquel étoient attachés deux rubans ; mais Léontine avoit porté ce bracelet caché sous la manche de sa robe, c’étoit sans nul doute un gage précieux de sentiment. Par son peu d’épaisseur et par sa souplesse, Rosenthall jugea qu’il ne pouvoit renfermer que des cheveux ; mais Léontine portoit depuis long-temps, sans aucun mystère, un anneau, des cheveux de Melcy !… D’ailleurs, le bracelet paroissoit être neuf, que pouvoit-il contenir ? Rosenthall, pour éclaircir des doutes insupportables, et pour fixer une