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L’AMANT

croire !… Cependant ce n’étoit point une illusion, je l’ai vu pâlir, j’ai vu couler ses larmes, j’ai lu dans ses yeux le sentiment que j’éprouve… Je l’ai vu !… Seroit-ce donc Melcy qu’elle abuse ! auroit-elle un projet qui la porte à cet artifice !… Elle trompe l’un de nous deux… Hélas ! si elle ne mérite point ma haine, elle n’en est pas plus digne de mon estime. Cette dernière réflexion déchira le cœur du malheureux Rosenthall, ses pleurs inondoient son visage ; tout-à-coup il entendit un bruit extraordinaire dans le château, il n’en étoit qu’à cent pas, il leva les yeux, et il vit un mouvement qui annonçoit quelqu’événement ; on couroit, on jetoit les portes avec fracas, on appeloit les domestiques, et les instrumens ne jouoient plus…Le comte inquiet se leva précipitamment, et courut au château. Il arrive, il entre dans le salon ; quel objet frappe ses regards !… Il voit, sur un canapé, Léontine évanouie dans les bras de son père… Elle avoit un bras ensanglanté… Pénétré, hors de lui, le comte interroge ;