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DES URSINS.

à laquelle les ambitieux du plus grand genre ne sont jamais supérieurs, madame des Ursins avoit donné sa lettre pour la princesse à l’ambassadeur, en présence de plusieurs personnes, en disant que c’étoit une réponse ; et en outre, elle avoit confié ce secret à cinq ou six amis.

Cependant Élisabeth fut aussi, de son côté, étrangement surprise en recevant les remercîmens de madame des Ursins. Elle envoya sur-le-champ chercher Alberoni, et aussitôt qu’elle l’apperçut : Quoi donc, Alberoni, lui dit-elle du ton le plus sévère, vous avez écrit sous mon nom à madame des Ursins ? Elle me remercie de la lettre remplie de bonté qu’elle a, dit-elle, reçue de moi. — Non, madame, répondit Alberoni ; je me suis permis un stratagème, et madame des Ursins se permet un mensonge. Alors il conta tout ce qu’il avoit fait. D’après ce récit, il étoit facile de deviner le motif du mensonge de madame des Ursins. Je vous pardonne, Alberoni, dit Élisabeth en riant, et je n’oublierai point que sans