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DES URSINS.

d’un personnage élevé avec un inférieur, le dernier a l’avantage immense de pouvoir plus facilement connoître le caractère de l’autre ; c’est toujours lui qui écoute, et jamais il ne doit parler de lui…

Alberoni connoissoit toutes les prétentions et tous les projets de la princesse des Ursins, et cette dernière croyoit Alberoni un bonhomme. Elle lui trouvoit de la capacité pour les affaires, mais ne lui supposoit pas la moindre ambition ; car l’adroit Alberoni se voyant souvent consulté et par conséquent nécessaire, sollicitoit d’elle, avec persévérance, un emploi subalterne qui l’eût éloigné de Madrid, et qu’il étoit bien sûr de ne pas obtenir.

Madame des Ursins affectoit en public toute la pompe de la royauté ; libérale, et même prodigue, elle n’avoit point d’avidité, elle n’accumuloit point de trésors, mais sa magnificence étoit excessive. Ce faux air de grandeur en imposoit aux courtisans, et lui attiroit la haine du peuple qui ne voit jamais, dans