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DES URSINS.

Elle n’a jamais ces inquiétudes, ces caprices apparens que donne la sensibilité, ni ce refroidissement que le temps produit tôt ou tard ; elle est toujours égale, parce qu’elle est toujours calme ; elle est indulgente sans effort. Madame des Ursins, comme toutes les favorites qui jouissent depuis long-temps d’un crédit sans bornes, croyoit son pouvoir inébranlable ; elle pensoit qu’il étoit impossible que Philippe pût jamais se passer d’elle, ou vivre heureux sans elle. L’indolence de Philippe augmentant chaque jour, l’autorité de la princesse des Ursins croissoit en proportion ; elle s’applaudissoit de cet effet du temps sur les sentimens qu’elle inspiroit ; son orgueil attribuoit à la confiance et à la passion, ce qui n’étoit que le résultat naturel d’une parresse devenue excessive ; elle employoit tous ses moyens de séduction pour se maintenir dans cet éminent degré de faveur. Il n’étoit pas nécessaire de faire tant de frais : il avoit fallu de l’art pour obtenir cet empire, il en falloit beaucoup moins pour le conserver ; il suffisoit