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AUTEUR.

vous, et si vous le bannissiez, il se vengeroit par une satire, c’est une chose que vous avez éprouvée déjà. Les beaux esprits sont des adorateurs très-dangereux ; ils commencent d’abord par faire de jolis vers, mais, dès qu’ils ont perdu l’espérance, ils font ou font faire des libelles. — Tout homme de lettres, malheureux en amour, fait des libelles ! voilà une belle sentence et un jugement bien équitable ! Vous déclamez sans cesse contre les pauvres auteurs ; moi, je ne fais point d’épigrammes, mais je sais observer ; et j’ai remarqué qu’en général les gens du monde qui n’ont cultivé ni leur esprit ni leur mémoire, éprouvent une aversion naturelle pour tous les gens de lettres, qu’ils appellent par dérision, des beaux esprits. Ces derniers ont plus de justice et d’indulgence ; ils conviennent qu’on peut avoir un esprit et un mérite supérieurs, sans être auteur, et même ils ne se moquent de l’ignorance que lorsqu’elle est envieuse et dénigrante. Cette réponse blessa profondément l’amour-propre de Germeuil, et c’est ce qui