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LA FEMME

tion de son ouvrage. Cependant, dit Natalie, cette action n’a point fait tort à mon sexe ; au contraire, reprit Germeuil, elle lui fait honneur ; mais il n’y a point d’esprit de corps parmi les femmes, et cela doit être. Formées par leur sensibilité, pour avoir une existence plus intéressante et moins égoïste que la nôtre, la gloire, à moins d’exceptions très-rares, au lieu d’être pour elles une possession personnelle, n’est presque toujours qu’un bien relatif. Elles la trouvent dans les actions d’un père, d’un fils, d’un époux ; elles l’empruntent et ne la donnent pas, et les loix, en cela, sont d’accord avec la nature ; n’est-il pas juste que la gloire appartienne en propre à celui qui peut seul transmettre son nom et le laisser en héritage ?

Natalie écoutoit ces discours avec un extrême étonnement ; elle ne reconnoissoit plus ce Germeuil qu’elle avoit vu peu de mois auparavant, si doux, si soumis, si flatteur ; car la flatterie la plus outrée est le langage naturel de l’amour ; langage séduisant, parce que, malgré son exagé-