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LE JOURNALISTE.

choient pas sa société, ou ne briguoient pas sa protection. De quelque genre que fût une affaire, Célinte connoissoit tous les moyens de la faire réussir, et elle n’en rejetoit aucun. On disoit d’elle : Personne au monde ne sait mieux servir ses amis, ce qui signifie littéralement, personne au monde ne sait mieux intriguer ; car telle est, et telle doit être en effet la perfection de l’amitié dans un temps où les prétentions universelles ont rendu l’ambition une passion si vulgaire. L’ascendant de Célinte sur Mirval étoit extrême ; Mirval jusqu’alors, vivement applaudi par elle, lui lisoit avec plaisir toutes ses productions ; il avoit cependant assez de goût pour sentir qu’on auroit pu choisir un meilleur juge, mais il prenoit la vanité satisfaite pour de la confiance ; c’est une méprise d’auteur assez commune.

Mirval arriva chez Célinte avec ses extraits dans sa poche ; il ne trouva avec elle que Busseuil son ami, et un autre homme de lettres, nommé Delmont. Après le dîner, pendant lequel