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LA FEMME

cents louis pour un seul exemplaire. Tout cet argent fut porté chez l’avocat des prisonniers, qui s’étoit chargé du soin de vendre l’ouvrage. Les quarante mille francs étoient complétés, Natalie, heureuse et triomphante, fut délivrer les prisonniers. Avec quelle joie vive et pure elle entra dans cette prison, dont elle alloit arracher trois victimes du malheur ! Avec quel transport elle leur dit : Venez, vous êtes libres !… Elle les emmena dîner chez elle. En sortant de table, elle leur donna des brevets de capitaines qu’elle avoit obtenus pour eux, dans des régimens qui partoient pour la Corse. Ce jour fut l’un des plus beaux de sa vie. Tout étoit doux dans ce début d’auteur ; les motifs, le succès, le résultat ; et l’envie se taisoit : tout s’étoit fait si rapidement, qu’elle n’avoit eu le temps ni de méditer, ni de préparer des noirceurs. Oh ! ma chère Natalie, disoit à sa sœur Dorothée, qu’il seroit sage, qu’il seroit beau de s’arrêter là !… d’écrire toujours, puisque vous en avez le goût et le talent ; mais de ne plus publier vos ouvrages… Qu’il