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LA FEMME

voir cacher cet événement à Germeuil, car il évitoit, avec un soin extrême, de parler de madame de Nangis, même indirectement, et Natalie ne vouloit pas renouveler sa douleur ni ranimer ses remords. Elle mit à son cou le portrait, elle l’attacha avec une chaîne d’or, qu’elle fit river ; et elle se promit de n’en jamais parler à Germeuil.

Enfin, au bout de quelques mois, Germeuil, éperdûment amoureux, et passionnément aimé, parla de ses sentimens avec tous les transports d’un amour long-temps contenu. Natalie l’écoutoit avec un plaisir mêlé de trouble et d’inquiétude ; le serment d’aimer toujours, le mot de constance dans la bouche de Germeuil, la faisoient frissonner ; à force d’entendre répéter les mêmes phrases, cette impression s’affoiblit, et bientôt elle pensa que si Germeuil eût aimé madame de Nangis comme elle, jamais il n’auroit changé.

Germeuil ne pouvoit parler d’amour à Natalie, sans lui demander sa main ; mais Natalie trouva que Germeuil, par