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LE JOURNALISTE.

paroître le surlendemain : il s’enferma pour composer les deux extraits ; il fit fermer sa porte, travailla sans relâche, et les extraits, faits avec autant d’équité que de goût, furent achevés le lendemain. Alors il se rendit à Paris, avec l’intention d’aller dîner chez une de ses amies. C’étoit une riche veuve, bel-esprit, nommée Célinte. Mirval lui devoit, en grande partie, sa fortune et ses succès ; Célinte avoit de bonnes qualités sans principes, beaucoup d’esprit sans goût et sans justesse, une vanité dévorante, une grande activité ; elle voyoit beaucoup de monde ; elle cultivoit avec soin la bienveillance des hommes en place et des gens de lettres ; elle sollicitoit les uns avec persévérance, elle rendoit d’importans services aux autres ; elle prodiguoit la louange et la flatterie à tous, mais sans se démentir loin de leurs yeux : dès qu’on dînoit chez elle, et qu’on paroissoit l’admirer, on avoit un mérite supérieur ; mais aussi elle dénigroit, ou faisoit décrier par ses partisans, tous ceux qui, avec quelque célébrité, ne recher-