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LA FEMME

consoler du refroidissement de son amant, fut la victime de ses remords et de son amour. Germeuil n’avoit jamais cessé de lui rendre les soins les plus tendres et les plus assidus, mais il n’étoit plus amoureux d’elle ; les hommes, par un intérêt puissant d’ambition ou d’amour-propre, savent si bien prendre le ton et le langage de la passion ! Mais jamais la reconnoissance et la pitié ne les engagèrent à la feindre. Madame de Nangis mourut dans les premiers jours du printemps, treize mois après le départ de Natalie. Germeuil montra dans cette occasion la plus grande sensibilité ; les reproches qu’il avoit à se faire, ajoutoient à sa douleur le plus pressant remords ; il sentit, dans ce moment, combien il est barbare et coupable de séduire une femme jeune, sensible et vertueuse ; car elle ne cède que parce qu’on a su lui persuader qu’elle est l’objet d’une passion violente qui durera toujours ; et quel est l’homme qui peut se faire une telle illusion ? Germeuil fut malade, il garda sa chambre huit jours, on s’attendrit sur ses regrets, et lui-même