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LA FEMME

elle ne se rappeloit même qu’avec une sorte de remords les témoignages de tendresse qu’elle lui avoit donnés, elle avoit toujours devant les yeux la figure angélique et suppliante de madame de Nangis, implorant sa compassion. Cette image touchante lui faisoit faire enfin de salutaires réflexions : elle ne trouvoit plus l’infidélité de Germeuil excusable, elle en étoit indignée, et sur-tout épouvantée.

Le lendemain matin, elle fit ses adieux à sa sœur, et elle partit de Paris à midi.

Le brusque départ de Natalie fit beaucoup de bruit ; le comte de Nangis l’attribua à sa rupture avec Germeuil, qu’il supposa produite par la jalousie mal fondée que lui causoit Mélanide ; on ne parla que de Natalie pendant huit jours, ensuite on n’y pensa plus. Germeuil fut d’abord vivement affligé ; tout exalte l’amour dans le grand monde ; la politesse et la galanterie, qui souvent en offrent l’image, les spectacles qui, sans cesse, en retracent le charme et la violence, les assemblées, les fêtes où l’on se rencon-