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LE JOURNALISTE.

tique fut outré contre Mirval ; il cessa de le voir, et l’accusa d’envier son succès et son talent ; et on le crut assez généralement dans le monde. Cette accusation paroît si vraisemblable à tant de gens ! Le pauvre Mirval fit de tristes réflexions sur l’impartialité. Il vit dès-lors qu’il n’étoit pas aussi facile qu’il l’avoit imaginé, d’obtenir, dans un temps de faction, une réputation désirable en faisant un journal. Il entrevit que la droiture et la sincérité ne sont pas, de nos jours, les vertus qui mènent le plus sûrement à la considération. À cette époque, parurent en même temps deux ouvrages sur le même sujet, de deux auteurs différens, l’un d’un anonyme, et l’autre d’un émigré, nommé Delmas. Ce dernier ouvrage étoit excellent sous tous les rapports ; mais celui de l’anonyme, écrit d’un style emphatique et bizarre, n’offroit que des idées fausses ou communes, et les principes les plus dangereux. Mirval étoit seul dans une petite maison de campagne, lorsqu’il reçut ces deux ouvrages ; la feuille de son journal devoit