Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
AUTEUR.

alloit se trouver tête à tête avec elle. Madame de Nangis la conduisit dans son cabinet, elle s’assit à côté d’elle, sur un canapé ; elle prit ses deux mains dans les siennes, et les serrant fortement avec la plus tendre expression : Mon ange tutélaire, dit-elle, vous avez réparé deux fois mes imprudences ! deux fois vous m’avez sauvée !… Ah ! votre bonté m’a donné le droit de tout attendre de vous !… Ici, madame de Nangis s’arrêta, elle rougit et baissa les yeux. Natalie attendrie, comprit qu’elle avoit une demande à lui faire. Parlez, madame, lui dit-elle en l’embrassant : ah ! s’il m’est possible de vous être utile, je voudrois pouvoir vous deviner… À ces mots, les yeux de madame de Nangis se remplirent de larmes. Prenez pitié de ma foiblesse, répondit-elle, hélas ! vous la connoissez !… Je l’aime avec excès, jugez donc de ce que j’éprouve lorsqu’il paroît s’attacher à vous !… Je sais que vous ne le voyez chez vous que pour soutenir votre bienfaisant stratagème ; mais peut-on recevoir ses soins avec indifférence, et lors-