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LA FEMME

Allons retrouver ma sœur, dit Natalie ; et elle rentra dans la salle.

Cette aventure fit le plus grand bruit. M. de Nangis entièrement guéri de sa jalousie, s’empressa de conter à ses amis, qu’il avoit découvert la passion mutuelle de Germeuil et de Natalie. Il ne justifia point sa femme ; mais tout le monde fut persuadé que Germeuil avoit sacrifié madame de Nangis à Natalie. Cette scène ayant eu trop d’éclat pour la nier, Germeuil fit convenir madame de Nangis elle-même, que pour confirmer le comte dans son erreur, il falloit qu’il allât chez Natalie, au moins tout le reste de l’hiver. La malheureuse comtesse frémit à cette proposition, mais elle n’osa la combattre. Quand elle n’auroit pas naturellement craint Natalie, elle n’auroit pu supporter l’idée que tout le monde croyoit Germeuil amoureux d’une femme qu’il avoit l’intention d’épouser. À cette peine de sentiment et d’amour-propre, se joignoit une jalousie déchirante, et malheureusement trop fondée.

Natalie, de son côté, se persuada que