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LA FEMME

connu madame de Nangis, la suivoit machinalement, et marchoit immédiatement derrière Germeuil. La foule l’en sépara un moment, ensuite elle s’en rapprocha au moment où madame de Nangis éperdue, lui disoit : Il est à quelques pas, il m’a reconnue, je suis perdue, il s’approche… Natalie devina qu’il s’agissoit de M. de Nangis, qu’elle ne pouvoit voir dans cet instant. Natalie, aussitôt, quitte brusquement le bras de Dorothée, prend celui de Germeuil, en disant à la comtesse : Sauvez-vous, madame, et allez changer d’habit. La comtesse, saisie d’effroi, cède sa place à Natalie, se baisse, se glisse dans la foule, et s’y perd. Une minute après, on voit avancer le comte de Nangis avec des yeux étincelans de fureur ; il saisit Natalie par le bras, la foule l’en sépare encore… Laissez-moi lui parler, dit vivement Germeuil, je suis las de ses incartades. Voulez-vous perdre madame de Nangis ? reprit Natalie. Ce mot calma Germeuil. Il soupira, et serra le bras qu’il tenoit sous le sien. On se trouvoit au bout de la salle,