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LE MALENCONTREUX.

tout son penchant pour Florzel. Ces observations me furent utiles ; elles diminuèrent le chagrin sensible que j’éprouvois de quitter l’Angleterre. Le docteur Merton vint dîner ; il me parut plus odieux encore que de coutume : instruit de tout ce qui s’étoit passé, il en étoit charmé au fond du cœur ; il ne m’aimoit pas, et il avoit pour Florzel la plus grande admiration : je crois même que cet enthousiasme, et les louanges excessives qu’il lui prodiguoit, avoient beaucoup contribué à exalter l’inclination de Lucy.

Sur le soir, M. Merton m’emmena dans son cabinet, et là, cet excellent homme me questionna sur mes affaires, sur mes projets, et me fit les offres les plus généreuses que je refusai toutes avec une invincible fermeté, non que j’eusse rougi d’accepter les bienfaits de l’homme du monde que je révérois le plus, mais parce que je voulois conserver toute la gloire du sacrifice que je venois de faire. D’ailleurs, n’ayant nulle espèce d’ambition, ce désintéressement me