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LE MALENCONTREUX.

le salon… je ne sais quelle incertitude pénible m’agitoit, me troubloit… J’étois dans cet état, en entrant dans la maison de Florzel… Le crieur de nuit annonçoit onze heures… En montant l’escalier, je rencontrai Florzel qui alloit sortir, mais qui, en me voyant, retourna sur ses pas pour causer, dit-il, un moment avec moi. J’éprouvai une sensation douloureuse… j’avois de l’oppression ; il me fut impossible de répondre. Nous entrâmes dans ma chambre. Florzel, me regardant avec étonnement : Bon Dieu ! me dit-il, qu’as-tu donc ? Il fit cette question avec un air d’amitié qui me toucha. Je rappelai toute ma raison ; et, reprenant un visage serein, j’instruisis, en peu de mots, Florzel de son bonheur. Sa surprise, sa joie, sa reconnoissance, furent extrêmes ; mais j’avois laissé toute ma sensibilité chez M. Merton : je n’éprouvois qu’un serrement de cœur pénible… Je brûlois du desir de me retrouver seul ; et, pour me débarrasser de Florzel, je lui conseillai d’aller sur-le-champ faire part de cette nouvelle à sa mère. Il me