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LE MALENCONTREUX.

et vous chérir comme un père jusqu’à mon dernier soupir ; mais, j’en jure par l’honneur et par l’amitié, je n’épouserai jamais miss Lucy. Alors, je recommençai mes sollicitations en faveur de Florzel, j’insistai sur les sentimens de Lucy, je peignis toute la vivacité de sa passion ; en même temps je louai son respect filial, sa tendresse pour le meilleur des pères ; et, voyant M. Merton ébranlé, je sonnai. Que voulez-vous ? me dit-il. Au lieu de lui répondre, je me tournai vers le domestique qui entroit : M. Merton, lui dis-je, demande miss Lucy. Ah ! mon ami, s’écria M. Merton, vous bouleversez tous mes plans de bonheur !… et il tomba dans un fauteuil, en se cachant le visage avec ses deux mains. Miss Lucy, pâle et tremblante, parut. Allez, mademoiselle, lui dis-je, allez remercier le plus tendre des pères… Elle courut se jeter, en sanglotant, à ses pieds… Ma fille, lui dit M. Merton en l’embrassant, je ne saurois résister à vos larmes et à vos prières ; puissiez-vous être heureuse, et ne jamais vous repentir d’avoir refusé