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LE MALENCONTREUX.

la promesse de sa fille, qu’il ne céderoit point à une pure fantaisie, que j’étois le seul homme au monde qu’il eût desiré pour gendre, et que nul autre n’obtiendroit la main de Lucy. Il ajouta que Florzel, devenu mon rival, et me supplantant, ne lui inspiroit que le plus profond mépris. Je justifiai Florzel avec toute la véhémence dont je suis capable, en protestant, d’après le témoignage de Lucy, qu’il n’avoit rien fait pour la séduire : j’ajoutai que je ne devois accuser ni Lucy, ni Florzel, mais ma seule imprudence qui m’avoit fait présenter le François le plus intéressant et le plus brillant, à la jeune personne qui pouvoit le mieux apprécier le mérite et les graces de l’esprit. Tandis que je parlois, M. Merton, le coude appuyé sur la cheminée, m’écoutoit attentivement, en me regardant d’un air attendri. Je crus qu’il étoit vaincu par mon éloquence ; et, comme je le pressois de répondre : Oui, dit-il, c’est vous qui serez mon gendre. Non, monsieur, m’écriai-je, non, je ne puis l’être. Je n’ai pas besoin de ce titre pour vous regarder