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LE MALENCONTREUX.

leva au-dessus de moi-même ; mes pleurs coulèrent avec les siens. Soyez tranquille, lui dis-je, ne voyez plus en moi qu’un ami, qu’un frère, qui va travailler avec ardeur à vous rendre le repos… Il faut que vous sachiez, me dit-elle, qu’avant d’avoir vu Florzel, pressée tous les jours, en particulier, par mon père, de me décider positivement en votre faveur, je lui donnai ma parole, en le priant de ne vous en point parler ; voilà pourquoi, quoique je ne vous eusse rien promis, du moins formellement, mon père crut pouvoir fixer le jour de notre mariage : il est dans une parfaite sécurité à cet égard ; sa surprise sera extrême… N’importe, interrompis-je, soyez sans inquiétude, fiez-vous à mon zèle. Si je m’y fie !… reprit-elle ; oh ! quelle seroit mon ingratitude, si je ne comptois pas entièrement sur vous !… Dans cet instant, nous entendîmes frapper à la porte de la rue ; Voilà, dis-je, M. Merton ; allez dans votre appartement, je vais l’attendre ici. Lucy se leva, fit quelques pas, et revenant à moi : Mon digne ami, me dit-elle