Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
LE MALENCONTREUX.

Miss Lucy ne s’attendoit apparemment pas à tant de modération ; la joie brilla dans ses yeux… Hélas ! mon cher monsieur, me dit-elle, je ne suis point changée pour vous, je vous conserve toujours les mêmes sentimens, c’est-à-dire, une tendre amitié, une estime parfaite ; je vous aime avec toute la solidité de la raison, mais j’aime Florzel avec passion : je vous devois cet aveu ; cependant je ne romps point un engagement auquel mon père, par amitié pour vous, attache tout le bonheur de sa vie ; je suis toujours prête à vous épouser. Ma franchise doit être le garant de mon honnêteté ; je ne serai point heureuse, mais je remplirai tous mes devoirs, et je ne reverrai jamais Florzel… Non, non, mademoiselle, interrompis-je, il s’agit, surtout, de votre bonheur ; il faut que vous épousiez Florzel… et je me charge de décider votre père… Ô le plus généreux des hommes ! s’écria miss Lucy en fondant en larmes, et en pressant mes deux mains dans les siennes… Elle avoit dans ce moment, une expression sublime qui m’é-