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LE MALENCONTREUX.

yeux étoient pleins de larmes ; je lui demandai ce qu’elle avoit : Revenez ce soir à neuf heures, me dit-elle tout bas, je vous le dirai. Il étoit cinq heures et demie ; je m’en allai à sept, et je revins à l’heure prescrite. On me dit que M. Merton étoit sorti, qu’il ne rentreroit qu’à dix heures, mais que miss Lucy m’attendoit dans le grand parloir[1], où effectivement je la trouvai seule. Je ne vis pas sans émotion, que miss Lucy tenoit d’une main un mouchoir, et de l’autre un flacon de sels ; car j’avois déjà remarqué que dans toutes les occasions qui peuvent émouvoir leur sensibilité, les Angloises ne manquent guère de se munir d’un flacon de sels ; remède consacré par elles aux affections morales, comme les Françoises emploient, en pareil cas, l’eau de fleurs d’orange et les gouttes d’Hoffmann.

Miss Lucy me faisant signe de m’asseoir, j’obéis en gardant le silence ; et pendant plus d’un quart-d’heure, miss

  1. Le grand salon.