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LE MALENCONTREUX.

qui préfèrent la satisfaction vaine et cruelle de faire rougir d’un mauvais procédé, au plaisir si pur d’inspirer l’attendrissement et le repentir !

Je sortis du cabinet de lord***, très-satisfait de moi-même ; et M. Merton, en descendant l’escalier, me secoua la main à plusieurs reprises, en répétant que j’étois une honnête créature.

Il y a une chose très-encourageante dans la pratique de la vertu, c’est que chaque bonne action en fortifie le goût ; il faut donc qu’elle ne soit pas aussi pénible qu’on nous la peint souvent, puisqu’elle s’exalte par les sacrifices même qu’elle prescrit.

Je revis miss Lucy, qui m’accueillit avec amitié, mais que je trouvai mélancolique et plus rêveuse que jamais. Florzel ne vint point ce jour là. M. Merton avoit du monde à dîner. En sortant de table, il se mit à jouer au wisk, pendant que miss Lucy achevoit de préparer le thé. Elle m’appela pour me prier de porter une tasse de thé à son père ; et quand je fus près d’elle, je m’aperçus que ses