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LE MALENCONTREUX.

Viens, tu es libre. Je ne répondis rien, j’étois pénétré, saisi, mais combien mon cœur étoit soulagé !

Nous sortons de la prison, nous montons en voiture ; j’oubliai d’emporter ma malle et mon porte-manteau (qui me furent restitués le lendemain), et ce ne fut qu’à la porte du comte de Steinbock que je m’avisai de dire à Florzel que je ne pouvois plus rentrer dans cette maison. Alors Florzel m’emmena chez lui, à l’autre extrémité de Londres, où nous n’arrivâmes qu’à minuit passé. Pendant ces courses, Florzel m’instruisit de tout ce que je désirois savoir, et il m’apprit une chose qui m’expliqua l’effet singulier que mon nom avoit produit sur la plupart des prisonniers de King’s-Bench ; c’est qu’un autre émigré françois, jacobin, et de plus célèbre escroc, chassé de France pour ses friponneries, s’appeloit tout naturellement Desbruyères. Ce personnage ne s’étoit établi en Angleterre qu’en se disant Génevois, et en produisant de faux passeports ; il avoit beaucoup d’amis dans la mauvaise compagnie de Londres,