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LE MALENCONTREUX.

voit ; mais que ceci me fait connoître le caractère des gens dominés par la crainte continuelle de se compromettre, et qu’il est bon de savoir que celui qui se livre à ces frayeurs pusillanimes, ne sauroit être un protecteur utile, ni même un homme équitable. »

Florent, très-satisfait du présent que je venois de lui faire, voulut me montrer sa reconnoissance, en me disant tout le mal possible de son maître ; mais je l’interrompis pour le congédier.

Je me décidai enfin au parti que j’aurois dû prendre d’abord, celui d’écrire à Florzel : j’avois déjà commencé ma lettre, lorsque j’entendis frapper à ma porte ; c’étoit le prisonnier anglois qui m’avoit servi d’interprète : sa physionomie et son ton ne m’avoient pas prévenu en sa faveur, et cette visite ne me fut nullement agréable. Je viens, me dit-il, vous donner de bonnes nouvelles. Cette annonce captiva mon attention ; j’offris poliment une chaise à Jack (c’étoit le nom de ce prisonnier) il s’assit avec plaisir, car il étoit ivre et fort chancelant sur ses