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LE MALENCONTREUX.

pute très-vive. Pour moi, fort étonné de ma célébrité dans l’enceinte de King’s Bench, je ne songeai modestement qu’à me dérober à ma gloire ; je me fis jour à travers les groupes qui s’augmentoient à chaque minute, et je regagnai ma chambre.

Comme je savois assez d’anglois pour pouvoir demander les choses qui m’étoient nécessaires, j’obtins du geolier, de l’encre et du papier, et j’écrivis une longue lettre au comte de Steinbock. Je lui rendois compte de ma désastreuse aventure ; je lui mandois que personne, mieux que lui, ne pouvoit savoir combien j’étois incapable d’écrire des pamphlets séditieux ; qu’enfin il lui seroit bien facile de démentir des calomnies absurdes, dénuées de toute espèce de vraisemblance ; et, par une seule démarche, de me faire rendre la justice qui m’étoit due. J’envoyai, sur-le-champ, cette lettre, ne doutant pas que le comte ne me fît rendre ma liberté dans le cours de cette même journée. Sur les huit heures du soir, ma porte s’ouvrit, et je vis pa-