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LE MALENCONTREUX.

ou rompue ; je crus qu’il seroit indiscret de le questionner, et que je devois attendre qu’il fût disposé de lui-même à m’ouvrir son ame.

M. Merton partageoit toute ma sécurité sur les sentimens de sa fille. Décidé à quitter le commerce, il avoit formé le projet de retourner en Irlande, sa patrie, aussi-tôt après le mariage ; et il fut convenu que je ne reprendrois mon véritable nom, celui de Kerkalis, que lorsque nous serions établis à Dublin.

Je m’arrête avec complaisance sur cette époque, la plus agréable de ma vie ; je ne sais pas trop si j’étois amoureux, mais certainement je trouvois miss Lucy charmante, j’aimois M. Merton comme un père, et je sentois tous les avantages d’une alliance qui faisoit ma fortune, et qui assuroit la tranquillité et le bonheur de ma vie. Le grand jour étoit fixé par M. Merton ; ce devoit être le 4 de mars, et nous étions au 26 février. Ce jour même, le comte de Steinbock, qui avoit repris sa verve de composition, me fit tellement écrire, qu’il me fut impossible d’aller