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LE MALENCONTREUX.

coup de mon ignorance, et m’apprit qu’une dame anglaise ne peut supporter qu’un homme entre dans sa chambre à coucher ; qu’elles peuvent sans blesser la décence, recevoir un homme dans un cabinet, mais que s’il se trouve un lit dans la pièce où l’on cause, cette même action devient alors inexcusable. Je l’avoue, malgré non admiration pour les dames angloises, je trouvai dans ces idées tout le contraire de la délicatesse. Il me paroît un peu choquant qu’un lit soit un tel épouvantail pour l’innocence. Quand la vue d’un lit, en présence d’un homme, cause une si grande frayeur, quelles sont donc les pensées de ces jeunes personnes ?

J’aime mieux à cet égard nos Françoises qui ne pensent pas à tout cela, et qui, lorsqu’elles sont honnêtes, suivent une règle de bienséance beaucoup plus simple, qui est de ne jamais recevoir de jeunes gens chez elles, tant qu’elles sont jeunes elles-mêmes.

Miss Lucy me bouda tout le reste du jour. Je m’en consolai en causant avec son père que j’aimois véritablement, sur-