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LE MALENCONTREUX.

que mon extrait est fidèle, et je vous le prouverai facilement… Comment ! interrompis-je, ce livre si vanté par les jacobins, ce livre pour lequel ils ont divinisé Rousseau, le Contrat-social, enfin, a pour but de prouver que le meilleur des gouvernemens est le gouvernement aristocratique ? — Mais vraiment oui. — Comment ! Voltaire appelle la démocratie le gouvernement de la canaille, et l’égalité l’orgueil d’un fou ? Et Diderot veut la monarchie pour un grand état ? — Eh ! mon dieu oui. Mais les jacobins n’ont donc pas compris ces auteurs ? — Comme vous voyez. Et les philosophes n’ont donc pas fait la révolution ? — Oh ! pardonnez-moi, mais ils l’ont faite en démolissant et non en reconstruisant. Et les jacobins ont déifié les philosophes modernes, non pour leurs principes politiques, mais pour leurs principes moraux. Je fus émerveillé de toutes ces découvertes, et toute réflexion faite, je n’envoyai point d’inscription en France.

Cependant je me rapelai, vers le milieu de novembre, que j’avois une lettre