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LE MALENCONTREUX.

terre sans quelque difficulté, malgré la protection du comte de Steinbock.

Je me plaisois beaucoup à Londres, quoique le comte me fît faire un travail qui n’étoit rien moins qu’amusant, et qui m’occupoit tous les jours cinq ou six heures : il s’agissoit de copier et de corriger le style de plusieurs mémoires politiques, écrits en francois, et dont quelques-uns étoient destinés à l’impression, sans nom d’auteur. Le comte qui étoit le moins bavard des hommes, étoit en même-temps, malheureusement pour moi, le plus diffus des écrivains, et son goût particulier pour les longues parenthèses, donnoit une telle obscurité à ses ouvrages, qu’il falloit autant d’attention que de mémoire pour en comprendre le sens, ou pour ne pas perdre le fil de ses raisonnemens ; car les réflexions accessoires, et les digressions très-souvent étrangères au sujet principal, en formoient la plus grande partie. Après un travail assidu pendant six semaines, son génie se trouva épuisé, et il me déclara qu’il alloit se reposer ; j’en rendis grâce au ciel, et vou-