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LE MALENCONTREUX.

ment en me présentant, d’une main tremblante, une bourse et sa montre. Quoique sa méprise ne fût pas très-flatteuse pour moi, je ne pus m’empêcher d’en rire ; je l’assurai que je n’étois point un voleur, et mon guide resté en arrière, et qui survint dans cet instant, lui parla et acheva de la tranquilliser. Nous entrâmes en conversation. Cette jeune personne me conta que son domestique étoit tombé malade en chemin ; qu’elle avoit encore sept milles à faire pour se rendre dans le château d’une dame de ses amies, et qu’elle mouroit de peur des voleurs. Je lui offris de me détourner de mon chemin pour l’escorter, ce qu’elle accepta avec la plus vive reconnoissance. Comme le jour commençoit à baisser, je quittai sa portière pour aller à la tête des chevaux, afin de presser les postillons ; et quand j’aperçus l’avenue du château, je saluai la demoiselle, et, sans perdre de temps, je repris la route de Bath. Cette jeune Angloise m’avoit paru très-aimable, et je me repentis d’avoir oublié de lui demander son nom.