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LE MALENCONTREUX.

tueront à cette maxime inique et cruelle, qu’il ne faut croire que la moitié du mal qu’on dit, cette maxime plus juste et plus charitable, qu’en général il n’en faut rien croire du tout.

Ne pouvant plus me plaire à Hambourg, je me décidai à passer en Angleterre ; mais je crus prudent de n’y point aller sous mon nom : en conséquence, je pris celui de Desbruyères, qui étoit pour moi un nom de caractère, par la passion que je conservois toujours pour les défrichemens des terrains incultes.

Je trouvai une excellente occasion de passer sûrement et sans frais en Angleterre. Un seigneur autrichien, chargé d’une mission particulière pour Londres, cherchoit un secrétaire qui eût une belle écriture et qui sût le français ; je me proposai sous le nom de M. Desbruyères, je fus accepté et je partis avec lui. Je m’embarquai avec une somme de sept mille cinq cents livres, une place de secrétaire de mille francs, et une lettre de recommandation pour M. Merton, un banquier de Londres.