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LE MALENCONTREUX.

reux de la Muller, je n’avois voulu que me venger de ses rigueurs ; d’autres assuroient qu’en engageant madame Blaker à divorcer, j’avois osé concevoir l’espérance de l’épouser : on ajoutoit que je m’étois battu avec le jeune Frédéric, parce que ce dernier avoit voulu m’empêcher d’aller avertir sa mère de l’infidélité de M. Blaker ; qu’alors, ayant terrassé ce jeune homme, je l’avois laissé, sans connoissance, étendu sur le carreau. Le résultat de tout ceci fut de me donner la réputation de l’homme le plus emporté, le plus violent et le plus tracassier. Les gens malins, qui forment toujours le plus grand nombre, ne manquèrent pas de croire fermement à la vérité de toutes ces imputations ; les bonnes gens, suivant leur coutume, n’y crurent qu’à demi ; mais, dans ce cas comme en tant d’autres, c’étoit encore beaucoup trop. Il faut espérer qu’un jour, quand la morale sera tout-à-fait perfectionnée (et tant d’auteurs, depuis soixante-dix ans, travaillent à ce grand œuvre !), il faut espérer, dis-je, que les bonnes gens substi-