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LE MALENCONTREUX.

danger, je fis mes paquets ; et, très-souffrant de quatre nuits passées sans m’être couché, et des suites de mon combat nocturne, je sortis de cette maison avec un œil poché, une bosse au front, une demi-douzaine de contusions, laissant la réputation du plus mauvais instituteur, et brouillé pour jamais avec monsieur et madame Blaker, sans parler de la haine irréconciliable de mademoiselle Muller.

Je retournai tristement à Hambourg ; j’eus deux ou trois accès de fièvre, et je restai plusieurs jours au lit.

Quand je voulus aller dans le monde, je trouvai toutes mes anciennes connoissances refroidies pour moi. La jalouse et vindicative madame Blaker s’étoit séparée, avec éclat, de son mari, et l’un et l’autre consentoient au divorce. On contoit de mille manières cette aventure ; et dans toutes les versions différentes, je jouois le rôle le plus odieux. Tout le monde m’accusoit d’avoir eu le projet de brouiller le mari et la femme : les avis n’étoient partagés que sur le motif de cette noirceur. Les uns prétendoient qu’amou-