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valier s’écarta un peu de la foule pour conduire madame de Nelfort à la barque qu’il lui destinoit, et qui ne pouvoit contenir que deux personnes avec le conducteur. Vous seule, madame, lui dit-il, vous seule avez gardé le silence… j’en sais trop la raison !… J’offrois de partir… Voulez-vous donc que ce soit sans délai… Oh ! non, restez, reprit vivement madame de Nelfort… Grand Dieu ! s’écria le chevalier, quel mot prononcez-vous !… Ah ! si ce n’est qu’un jeu, si tout ceci n’est qu’une illusion, que voulez-vous que je fasse désormais d’un tel souvenir et de la vie ?… Restez, répéta madame de Nelfort, d’une voix basse mais distincte… Le chevalier, au comble de ses vœux, saisit la main qu’elle appuyoit sur son bras, en s’écriant : Vous êtes donc à moi !… Il entra dans le bateau, et là, tête à tête avec elle, il fit éclater sans contrainte tous les transports de sa joie… Les sermens furent prononcés, les paroles données, le jour indiqué… Madame de Nelfort répétoit bonnement : Comme la baronne et le président seront surpris !…