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LE MALENCONTREUX.

éprouvé une espèce de suffocation, qu’il avoit cru dissiper en prenant l’air ; qu’en effet, après s’être promené dans le jardin pendant trois quarts-d’heure, il s’étoit trouvé assez soulagé pour venir se remettre au lit ; mais que le lendemain il n’avoit que très-imparfaitement sa tête. Je ne m’en aperçus pas, parce que je ne le questionnai point, qu’il gardoit le silence, que je l’avois toujours vu très-taciturne, et que d’ailleurs je le supposois vivement préoccupé. Quant à sa seconde promenade nocturne, il ne se la rappeloit point du tout, parce qu’il s’étoit relevé avec le transport au cerveau, et qu’il avoit erré au hasard dansla maison, sans savoir ce qu’il faisoit. Madame Blaker me fit, non sans raison, les scènes les plus violentes et les reproches les plus amers sur la distraction qui m’avoit empêché de m’apercevoir de l’état de son fils : j’aurois pu répondre que son père même n’avoit pas eu plus de pénétration ; mais dans cette occasion, je me condamnois moi-même, et je ne cherchai point à me justifier.

Aussitôt que Frédéric fut hors de tout