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habillés en turcs. Le chevalier, commandant de cette flotte, et chef de la troupe, demanda la parole ; et s’adressant à toutes les dames captives ; il chanta, avec la plus charmante voix, les vers qu’on va lire.

L’Amour sans cesse rebuté,
S’irrite et croît dans le silence ;
Pardonnez à sa violence
Un instant de témérité.
C’est à nous de porter des chaînes,
C’est à vous de donner des lois ;
Vous proclamer nos souveraines,
Ce n’est que vous rendre vos droits.

Pour nous punir de notre offense,
Parlez, voulez-vous nous bannir ?
Victimes de l’obéissance,
C’en est fait, nous allons partir !…
Mais en prononçant la sentence
De cet exil si rigoureux,
Songez combien il est affreux
De s’embarquer sans l’espérance !

Au dernier vers de cette ariette, toutes les dames, à l’exception de madame de Nelfort, s’écrièrent à la fois qu’elles consentoient à s’embarquer aussi. Ce qui fut exécuté avec une gaîté très-bruyante, au moment même. Dans ce tumulte, le che-