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Comment ? — Oui, il ira passer deux ans en Angleterre. — Deux ans ! — Ce dessein m’afflige ; je l’aime comme s’il étoit mon fils, mais l’intérêt même que je prends à lui, me fait approuver cette résolution. — Pourquoi ? — Oh ! pourquoi : vous le savez bien. Parlons sans feinte, il vous aime éperdument ; que voulez-vous qu’il fasse d’une passion si extravagante ! — Et quand part-il ? — Le lendemain de la Saint-Louis, jour de votre fête. — Dans cinq jours !… Pauvre jeune homme !… — Réellement, le plaignez-vous un peu ? — En doutez-vous ? — Beaucoup. — Vous avez tort. — Quand on plaint un homme aimable, et qu’on n’en aime pas un autre… — Eh bien ? — Eh bien !… on le console. — Mais que feriez-vous à ma place ? — Moi ? je l’épouserois. — Ah ! je ne m’attendois pas à ce brusque conseil. L’épouser ! grand Dieu !… — Pourquoi pas ? — Et son âge ? — C’est un âge charmant. — Et le mien ? — Votre visage a vingt ans. — Et sa réputation, sa légèreté ? — Vous n’y croyez pas. — Le monde ? — S’agit-il