Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
LE MALENCONTREUX.

expliqué ma conduite, qui est parfaitement innocente, je quitterai volontairement cette maison pour n’y rentrer jamais. Mon sang-froid en imposa à monsieur Blaker. Dans cet instant, Frédéric ouvrit les yeux, il parla, mais il étoit en délire. Il voulut se lever, et nous eûmes beaucoup de peine à l’en empêcher. Au bout d’un quart-d’heure, il s’apaisa, et parut s’assoupir. Je saisis ce moment pour emmener M. Blaker dans un cabinet voisin, et là, je lui donnai l’explication qui me justifioit. Il convint que mes intentions n’avoient pas été noires ; mais il me reprocha vivement de ne lui avoir pas parlé, malgré les défenses de madame Blaker, et il répéta avec amertume et colère, que je l’avois brouillé sans retour avec sa femme.

Le médecin vint, et déclara qu’en effet Frédéric avoitune fièvre chaude. Ce jeune homme fut à l’extrémité pendant douze heures ; enfin, une crise heureuse le sauva. Il reprit toute sa connoissance, et conta qu’il ne s’étoit relevé la nuit, la première fois, que parce qu’il avoit