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bons religieux apportèrent de la crème et des fraises ; l’un d’eux conta qu’un valet qui les servoit, étant tombe la nuit dans le même précipice d’où l’on avoit tiré le chevalier, s’étoit cassé la jambe. À ce récit, madame de Nelfort regarda le chevalier avec des yeux pleins de larmes, et le chevalier baisa Rosette, c’étoit répondre. Ensuite on causa, on parla des deux Amans de la montagne, afin de parler d’amour ; on disserta, on s’attendrit, on s’embarrassa, et durant cet entretien, le chevalier, plus d’une fois, caressa Rosette avec transport. Il fallut retourner au château, on y arriva très-fatigués. Le chevalier fut se r’habiller. Madame de Nelfort entra dans le salon, et y conta son aventure avec enthousiasme. Le chevalier revint plus brillant, plus gai, plus aimable que jamais : il joua des proverbes, il se surpassa, et charma tellement tout le monde, que l’on ne tarissoit point sur ses louanges. Madame de Nelfort n’écoutoit pas seulement ces éloges, elle les recueilloit. On pénétra facilement ce qui se passoit dans son ame, et dès ce soir-là