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dame de Nelfort lui tendirent la main, il serra ces deux mains dans les siennes : « Aimable créature ! s’écria la baronne, embrassons-le. Oh ! de tout mon cœur », dit madame de Nelfort en se jetant dans ses bras. Elle fit cette action sans embarras et même sans émotion ; elle ne songeoit qu’au péril qu’il venoit de braver pour elle. Ce tendre baiser fut aussi pur qu’affectueux ; l’amour en conserva le souvenir, mais la reconnoissance seule le donna. Grand Dieu ! vous êtes blessé, dit madame de Nelfort, en voyant son visage et sa chemise ensanglantés. Il répondit que ce n’étoient que de petites égratignures. Madame de Nelfort vouloit retourner au château, mais on étoit plus près du couvent, et l’on se décida à y aller. Le chevalier, pour préserver Rosette d’un nouvel accident, voulut absolument la porter toujours ; il la caressoit ; il avoit l’air de la remercier ; en effet, il lui devoit beaucoup. On passa plus d’une heure sur le sommet de la montagne : on s’étoit établi sur la terrasse tournante qui entoure le couvent et la petite église. Les