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crois, dit-elle, la première fois que vous m’ayez fait une question, et même que vous m’ayez adressé la parole ; vous avez encore un peu de rancune, convenez-en ? À cette question, le chevalier soupira et regarda fixement madame de Nelfort qui baissa les yeux, et, dans son trouble, cassa sa soie… Je suis bien maladroite aujourd’hui, dit-elle ; mais laissons-là cet écheveau, vous devez être fatigué… — Ah ! daignez continuer, je suis si bien !… Madame de Nelfort, d’une main tremblante, reprit son peloton, et le chevalier soupirant encore : vous seule ignorez, dit-il, à quel point vous êtes imposante… quelle imprudence et quelle ridicule présomption il faudroit avoir pour oser s’approcher de vous, et pour chercher à fixer votre attention !… À propos, interrompit madame de Nelfort, je vous dois une réponse, vous m’avez demandé pour qui je travaille… — Eh bien, madame ? — Eh bien !… c’est pour l’homme du monde que j’aime le mieux… — Comme cela est injuste !… — Comment ? — Quel don peut ajouter au bon-