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partant pour la promenade, madame de Nelfort qui brodoit une veste pour son frère, voulut la finir dans la journée, et resta dans le salon à travailler et à causer avec la baronne. Madame de Nelfort prit un écheveau de soie pour le dévider ; dans ce moment, le chevalier entra et offrit de tenir l’écheveau, ce qui fut accepté. La baronne se leva et sortit en disant qu’elle alloit revenir, et madame de Nelfort, pour la première fois, se trouva tête à tête avec le chevalier : alors, ce dernier, tenant toujours l’écheveau, se mit à genoux devant elle, comme pour lui épargner la peine de tendre les bras. Asseyez-vous donc, monsieur, lui dit-elle en rougissant. Non, madame, répondit-il, je suis beaucoup mieux ainsi ; madame de Nelfort, n’osant répliquer, dévidoit précipitamment, brouilloit la soie et gardoit le silence ; le chevalier reprenant la parole : Oseroit-on, madame, lui dit-il, vous demander à qui vous destinez cet ouvrage charmant ? (il le savoit, mais il falloit entrer en conversation) Madame de Nelfort sourit : voilà, je