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jours facilement. Mais ce qui charmoit madame de Nelfort, c’étoit la manière délicate dont elle étoit louée dans ces couplets, où l’on ne disoit pas un seul mot de sa figure. Voilà, disoit-elle, un hommage véritablement flatteur ; jamais un jeune homme n’a fait pour une femme une chanson de meilleur goût ; je la conserverai toute ma vie.

Les jours suivans, le chevalier ne chercha pas davantage à se rapprocher de madame de Nelfort. Tandis qu’elle jouoit tristement au wisk avec trois personnes bien graves, le chevalier, à l’autre bout du salon, faisoit la partie de reversi de la baronne, partie fort bruyante, que des éclats de rire interrompoient souvent ; quelquefois, au lieu de jouer, le chevalier contoit des histoires, et alors la gaîté n’en étoit que plus animée. Madame de Nelfort tournoit souvent la tête, renonçoit, désoloit son partner, et quand son wisk étoit fini, elle se rapprochoit de la baronne, qu’elle paroissoit aimer plus que jamais.

Un jour, après le dîner, tout le monde