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Sans exciter votre colère ;
Fugitif, proscrit, malheureux ;
Minerve m’a banni des cieux,
J’erre tristement sur la terre.

Mais dans ces bosquets enchanteurs
Je viens oublier mes douleurs
En cherchant celle qui m’évite…
J’y vois Minerve ou la Vertu,
Et tout l’Olympe m’est rendu :
Je le trouve aux lieux qu’elle habite.

J’oserai me plaindre de vous ;
Qui peut causer ce grand courroux ?
Vous m’avez jugé sans m’entendre :
Ah ! pour médire de l’Amour
Et le condamner sans retour,
Il faudroit au moins le comprendre.

Ingénu, tendre et confiant,
Voulant toujours aveuglément
Chérir et croire ma maîtresse,
Je mis un bandeau sur mes yeux ;
Je l’ai quitté pour aimer mieux,
Dès que j’entrevis la sagesse.

Il est vrai, trompé dans mon choix,
Je pris des ailes autrefois
Pour fuir la coquette volage ;
Je n’en ai plus, et pour jamais
Fixé sur vos pas désormais,
Pourrois-je en regretter l’usage ?