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de juger qui les trompe rarement sur le sentiment qu’elles inspirent.

Après le dîner, on lui annonça qu’Alexis lui donneroit une petite fête dans son jardin particulier, nouvellement fait, et qu’elle ne connoissoit pas. À neuf heures on la conduisit à l’une des extrémités du parc où se trouvoit le jardin d’Alexis, dont l’enceinte étoit fermée par une palissade de roses, éclairée par une illumination brillante. Sur le haut d’un portique de fleurs, on lisoit cette inscription tracée en lampions : Asyle de l’Amour fugitif. On rentra dans le jardin ; et après avoir traversé une allée de peupliers, on aperçut un temple champêtre. On s’arrêta ; une symphonie douce se fit entendre ; le temple s’ouvrit ; et Alexis, avec le costume de l’Amour, parut. Il portoit un flambeau ; mais il n’avoit ni ailes, ni bandeau, ni carquois ; il s’avança, et s’adressant à madame de Nelfort, il chanta la romance suivante :

Toujours timide et sans espoir,
Je puis du moins me laisser voir