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tre dans la chambre de la baronne, que l’on trouve en pleurs, assise à côté du chevalier qui tenoit une de ses mains avec l’expression la plus touchante de la reconnoissance et de la sensibilité. En apercevant madame de Nelfort, le chevalier se leva brusquement, fit une profonde révérence, baisa la main de la baronne, en lui disant d’une voix un peu entrecoupée : Adieu, madame ! et il s’élança vers la porte… Madame de Nelfort, vivement émue (et pour la première fois de sa vie), perdit la tête ; elle se précipita sur les pas du chevalier ; et saisissant, pour l’arrêter, la basque de son habit : Non, monsieur, s’écria-t-elle, non, vous ne partirez point… À ce premier mouvement succèdent aussitôt la confusion et l’embarras le plus insurmontable, elle rougit et resta immobile ; le chevalier s’arrêta en la regardant avec l’air d’une extrême surprise ; le président et la baronne, debout aussi, les considéroient l’un et l’autre en silence… On fut un moment sans parler ; enfin, le chevalier, s’adressant à madame de Nelfort : « Auriez-vous, madame, lui