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LE MALENCONTREUX.

Pour toute réponse, on me saisit par le milieu du corps, et l’on me terrasse ; je me débats, je reçois plusieurs coups, je me défends, je crie de toutes mes forces : je sens que mon adversaire est presque nu ; il crioit aussi d’une voix horriblement enrouée : je ne savois que penser. Enfin, au fort du combat, j’entends de tous côtés ouvrir des portes, on accourt : plusieurs personnes, à demi-vêtues et tenant des lumières, s’avancent vers nous, et je reconnois dans mon rude adversaire, le jeune Frédéric qui, haletant et accablé de fatigue, venoit de s’évanouir… Dans ce moment, M. Blaker, en robe de chambre, se fait jour à travers un groupe de curieux, et me lançant un regard foudroyant : « Ô ciel ! s’écria-t-il d’une voix de tonnerre, le misérable assassine mon fils !… ». En prononçant ces mots, il vouloit se jeter sur moi ; on le retint. Je me relevai, et j’entrepris inutilement d’expliquer cette aventure ; tout le monde parloit à-la-fois, on ne m’écouta point. Alors je pris dans mes bras le jeune Frédéric, privé de sa connoissance, en di-